On peut se demander à quelle stratégie obéit la résurgence des codes de la peinture d’avant-guerre européenne dans certaines formes de l’abstraction américaine aujourd’hui. Si l’on s’en tient aux discours qui accompagnent les peintures de Charline von Heyl, artiste allemande émigrée aux États-Unis dans les années 90, ceux-ci, fondés sur l’idée d’abstraction, dévoilent une forte capacité à théoriser son travail de peintre. Ses interventions croisent depuis une dizaine d’années des références aux « pairs » qui ont marqué sa formation initiale (Martin Kippenberger, Joerg Immendorff, Albert Oehlen, Sigmar Polke …) et des références à ses lectures de peintre (Stéphane Mallarmé, Karl Marx, Sigmund Freud, Walter Benjamin, Salomon Friedländer, Maurice Blanchot…). Ces entrecroisements entre pratique de peinture et lectures d‘artiste donnent à voir une réflexion sur des processus mentaux qui informent un processus pictural.