Teindre la peinture réalise un rêve d’imprégnation lourd de travers. La teinture est le règne de l’emprise, de l’instruction d’un procès à la surface, face et dos confondus. Entre teindre et peindre, comment affronter la chair du monde et la sienne propre ? Sous le signe de l’empâtement, de la liquidité, de la planche, de la toile, du papier ? Écouler, baigner, engloutir sont des opérations poignantes pour ce qu’elles présagent de menace et d’épreuve. Peindre sans pigments, mettre à nu la peinture en récusant sa fonction de revêtement, n’est-ce pas prendre position en dessous du seuil à partir duquel elle tire son nom ? Si teindre donne le change à la surface, est-ce feindre la peinture ? Quel est, alors, le sort réservé à la peinture ?