Questionner l’espace pictural c’est en faire l’expérience, le mesurer, l’évaluer, le mettre à l’épreuve. L’acte de décentrer, de déplacer le cadre de la peinture dans l’architecture, dissout le champ limité de la toile et provoque son débordement pour investir l’espace réel. Ce débordement du pictural engendre une force d’expansion et de diffusion, à entendre au sens d’ouverture, d’éclatement et de dépassement, qui renverse le plan et l’espace : le dépaysement. Expérience sensible où la peinture convoque tous les sens du corps, le dépaysement, qui est au cœur des œuvres de Katharina Grosse et d’Adrian Schiess, ouvre une pluralité d’événements : la théâtralisation des réalités du tableau conduit le visiteur à expérimenter et à se déplacer physiquement dans le pictural pour interpréter ces détournements et retournements plastiques.